AYEN’S POLICY BRIEF N°1
Les enjeux africains de la réélection de Trump aux États-Unis d’Amérique
Par :
Alain-Patrick LOUMOU, Ph. D
Edmond Joël AMANA BÉMÉLINGUÉ, Ph. D
Armel SANGO, Ph. D
Brice Laurent TSIDZE
Introduction[1]
Le mandat précédent de Donald Trump à la tête de la Maison Blanche, de janvier 2017 à février 2021, a été marqué par une politique étrangère des États-Unis fortement adossée sur le nationalisme économique, l’isolationnisme et un scepticisme à l’égard de l’aide étrangère multilatérale (Parker, 2020). Cette orientation a eu un impact direct sur la politique africaine des États-Unis, qui s’est orientée vers une approche plus pragmatique et transactionnelle (Hickerson, 2020). Trump a clairement fait savoir qu’il priorisait les intérêts américains sur les initiatives humanitaires ou démocratiques globales (Gates, 2019). Cette façon de faire, souvent résumée par le slogan “America First“, s’est traduite par un réductionnisme des engagements multilatéraux et une réduction de l’aide étrangère destinée à l’Afrique (Rosenberg, 2021). Trump a mis en avant une approche de la politique étrangère plus bilatérale que multilatérale (Lynch, 2021). Dans ce contexte, il a minimisé son engagement avec l’Union africaine et d’autres organisations régionales, et a parfois négligé les mécanismes collectifs de gouvernance mondiale comme l’ONU, où l’Afrique est un acteur clé (Hickerson, 2020). Par exemple, le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat a eu des conséquences indirectes sur les initiatives environnementales en Afrique, qui bénéficiaient du soutien financier américain (Bennett & Wirth, 2020). La lutte contre le terrorisme et les groupes djihadistes a continué de dominer les priorités de sécurité des États-Unis en Afrique (Biddle, 2020). L’administration Trump a intensifié l’utilisation des forces spéciales et des drones dans des régions comme le Sahel, la Somalie, et le bassin du lac Tchad, où des groupes comme Boko Haram et al-Shabaab sont actifs (Clarke, 2020). Trump a également été à l’origine de politiques migratoires plus restrictives, ce qui a eu des conséquences sur les communautés africaines cherchant à migrer vers les États-Unis (Gates, 2019).
Le Muslim Ban de Trump, qui interdisait l’entrée aux ressortissants de plusieurs pays africains à majorité musulmane, ainsi que les restrictions sur les visas pour les étudiants et travailleurs africains, ont contribué à un climat de méfiance et d’hostilité vis-à-vis des immigrants africains (Chen, 2018). Son départ de la Maison Blanche s’est opéré avec l’installation du démocrate Joe Biden (février 2021-novembre 2024). Sous l’administration de ce dernier, les États-Unis ont cherché à réaffirmer leur position de leader sur la scène mondiale, en particulier en ce qui concerne les grands enjeux globaux comme le changement climatique, la pandémie de COVID-19 et la sécurité internationale (Smith & Johnson, 2021). Biden a mis l’accent sur la réaffirmation des alliances traditionnelles des États-Unis (notamment avec l’OTAN et l’Union européenne), tout en cherchant à réengager les États-Unis dans des organisations internationales telles que l’ONU, l’OMS et l’Accord de Paris sur le climat (Robinson, 2021). Concernant l’Afrique, la politique de Biden a continué de suivre des priorités traditionnelles tout en tentant de répondre aux défis contemporains du continent (Morris & Davis, 2022).
La politique étrangère des États-Unis, y compris leur relation avec l’Afrique, varie considérablement en fonction des administrations et de leurs orientations idéologiques respectives (Williams, 2019). Bien que des continuités existent, notamment dans les domaines de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, les approches des partis républicain et démocrate se distinguent par des priorités différentes, des philosophies géopolitiques divergentes et des stratégies contrastées, en particulier en ce qui concerne les relations avec l’Afrique (Akins, 2020). Selon que le président décide d’inscrire sa politique étrangère dans une doctrine géostratégique : la doctrine Monroe, la doctrine clingtone, la doctrine Stimson, la doctrine Tobar, etc. La réélection de Trump aux USA a soulevé des questions sur l’avenir des relations entre les USA et l’Afrique (Nguyen & Parker, 2020). La présente note de politique publique s’intéresse donc aux enjeux de cette réélection de Trump pour l’Afrique. Elle est, en cela, attentive aux implications de la réélection de Trump pour les relations économiques et politiques entre les USA et l’Afrique et aux opportunités et défis pour les pays africains dans le contexte de la réélection de Trump.
Réélection de Donald Trump et contingence-capitalisation des pays africains : entre espoirs et désespoirs[2]
Alors qu’il devenait évident que Donald Trump avait décroché la présidence des États-Unis pour la deuxième fois, au regard des facteurs explicatifs qui précèdent, les dirigeants de toute l’Afrique ont, de manière disproportionnée, manifesté leurs impressions qui allaient des félicitations aux enchantements pour la plupart. Ainsi, la contingence-nécessité de la réélection du président Donald Trump pour les Africains précèdera l’illusion-réaliste du phénomène.
La contingence-nécessité de la réélection de Donald Trump pour les Africains : des lueurs d’espoirs et d’enchantement
La contingence soutient que, la réalité n’est pas déterminée par des facteurs préexistants ; elle implique une certaine indétermination ou hasard dans l’existence. C’est dans ce parti pris analytique du hasard et de l’indétermination qu’il est ambitionné d’esquisser les éléments qui pourraient constituer les bribes d’espoir de la réélection de Donald Trump pour le continent africain. De manière non exhaustive, ces éléments peuvent être d’ordre politique, économique, sécuritaire et culturel tel que consigné dans le tableau ci-après.
| Les éléments d’ordre politique | Lors de son premier mandat, le président Donald Trump a eu à coopérer et rencontrer les présidents Vladimir Poutine et le président Nord-Coréen, tous pas très affectionnés par la communauté occidentale. Une telle posture serait en phase avec l’enchantement nourrie par certains chefs d’États africains qui, du point de vue politique, sont majoritairement restés longtemps au pouvoir. Ils verraient donc dans la réélection de Trump, une lueur d’espoir qui pourrait leur permettre de rester longtemps au pouvoir et de jouir de leurs privilèges et honneurs liés à leurs fonctions. |
| Les éléments d’ordre économique | S’il n’a pas foulé son pied sur le sol africain lors de son premier mandat, le président Trump avait néanmoins mis en place des programmes visant à accroitre les investissements en Afrique. Par exemple, les États-Unis ont été félicités pour leurs investissements dans le corridor de Lobito, une ligne ferroviaire traversant l’Angola, la République démocratique du Congo et la Zambie, qui devra servir d’après certains observateurs, à transporter des matières premières essentielles. En 2023, les États-Unis ont déclaré avoir investi plus de 22 milliards de dollars depuis l’arrivée au pouvoir de Biden. L’espoir de certains Africains serait donc que le président Trump s’inscrive dans cette logique et continuité. Toujours sur le plan économique, la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique (AGOA), qui permet aux pays africains éligibles d’exporter certains de leurs produits vers les États-Unis sans payer de taxes, serait une source de préoccupation majeure même s’il s’est engagé à mettre en place un droit de douane universel de 40 % sur les produits fabriqués à l’étranger. Bien plus, l’Afrique reçoit à l’état actuel, la plus grande partie de son aide des États-Unis qui ont déclaré avoir donné près de 3,7 milliards de dollars au cours de cet exercice financier. |
| Les éléments d’ordre culturel | Les prises de positions de Trump sur la notion des droits de l’Homme et particulièrement sur le dossier de l’homosexualité, soulèvent de la part des Africains des lueurs d’espoir et d’enchantement. Le continent africain, qui reste en majorité opposé à ce phénomène, voit en la réélection de Trump, l’avenue d’un allié favorable qui aiderait à e combattre par des moyens d’élimination systématique. |
| Les éléments d’ordre sécuritaire |
Plusieurs pays africains aujourd’hui, à l’exception de ceux de l’alliance du sahel (Mali, Burkina-Faso, Niger), comptent sur les interventions étrangères notamment américaines pour se sécuriser et lutter contre le terrorisme qui sévit sur leurs différents territoires. Actuellement, les bases militaires américaines sont présentes dans plusieurs pays africains et les dossiers brulants tels que le Soudan, la Libye et la RCA ou les États-Unis jouent un rôle, restent symptomatiques d’une telle situation. |
L’illusion-réaliste de la réélection de Trump pour les Africains
La projection des États sur la scène internationale est une construction. Dans une perspective réaliste, il n’y a pas d’amis en relations internationales, il n’y a que des intérêts. En partant de ces postulats, il devient facile de déconstruire les facteurs apparents sur lesquels se fondent certains Africains pour voir dans la réélection de Donald Trump, une lueur d’espoir. D’abord, sur le plan politique, ce qui se présente comme le soutien de Trump aux « présidents forts », n’est qu’une apparence négativement fertile. Parce qu’en Afrique, la notion de « régime et d’homme forts » mérite d’être repensée et dissociée de celles en vigueur dans les pays tels que la Russie, la Chine, et même la Corée du Nord. En Afrique, la notion de « régime forts » n’a de sens que par rapport à la conservation du pouvoir. Cette dernière, sans transformation économique, reste un véritable gâchis qui ne permet pas au continent de capitaliser dans les grands enjeux géopolitiques. Ce dont l’Afrique a besoin aujourd’hui, c’est des leaders politiques avec des visions et des idéologies souverainistes. C’est en cela que la Chine, la Russie et la Corée du Nord capitaliseraient facilement leurs relations avec Trump justement parce qu’ils ont des visions et des idéologies qu’ils défendent et protègent.
Sur le plan économique, il faut dire que l’avènement de Trump ne pourra qu’être une occasion de plus pour lui, de préserver les intérêts de son pays conformément à sa devise « l’Amérique d’abord ». Et en cela, l’AGOA qui se présente comme une opportunité pour l’Afrique d’après certains Africains est à notre humble avis un grand obstacle pour le continent africain ; ceci pour deux raisons tout au moins : la première c’est que, le continent africain ne produit pas suffisamment pour exporter dans le marché américain et quand bien même il le ferait, ses produits ne sont pas compétitifs. Deuxièmement, l’AGOA reste un outil géoéconomique des Américains pour contrecarrer l’avancée de l’influence russe et chinoise sur le sol africain. Son ambition n’est pas de développer l’Afrique, mais de l’utiliser comme un outil géopolitique d’affrontement contre d’autres concurrents. Bien plus, comment fait-on pour penser que l’avènement de Trump serait une opportunité pour l’Afrique lorsqu’on sait que le poison et le cancer de l’aide restent toujours l’outil de partenariat économique entre le continent et les États-Unis ? Ne savons-nous pas que l’aide américaine, comme toutes les autres aides d’ailleurs, est conditionnée et orientée ? Ne savons-nous pas que c’est à travers cette aide que la dette des pays africains reste infernale et infinitésimale ?
Sur le plan sécuritaire, le retour de Donald Trump ne saurait être envisagé comme une opportunité pour la sécurisation du continent africain ; si oui celle des dictateurs qui bénéficient du soutien du pentagone pour piller l’Afrique. Les bases militaires américaines en Afrique n’y sont pas généralement pour combattre le terrorisme, mais pour servir leurs intérêts géopolitiques et géoéconomiques.
De l’indifférence face à la réélection de Donald Trump à l’urgence de la reconstruction d’une identité des Afriques[3]
La question de l’identité des Afriques revêt une importance cruciale dans le contexte actuel de réélection de Donald Trump. Dans ce sens, comprendre le pourquoi et le comment de la reconstruction d’une identité africaine forte et unifiée est essentiel pour le développement et l’autonomie des pays africains, face aux influences extérieures et aux dynamiques globales. C’est pourquoi l’occasion est pour nous d’analyser tout au moins les politiques nationale et internationale proposées par l’administration Trump, pour voir en quoi elles peuvent influencer les dynamiques identitaires dont la refondation sur le continent africain est une urgence. Il est judicieux d’appréhender les enjeux et les défis auxquels le continent est confronté, ainsi que les stratégies possibles pour renforcer son identité dans un contexte mondial en constante évolution.
Des réactions internationales à la nécessaire indifférence de l’Afrique face à la réélection de Donald Trump
La réélection de Donald Trump suscite des réactions internationales variées, allant de l’indifférence à l’inquiétude. Dans de nombreux pays européens, la réélection a été perçue avec une certaine appréhension, en raison des politiques protectionnistes et des tensions diplomatiques qui ont marqué son premier mandat. En revanche, certains pays du Moyen-Orient, qui avaient bénéficié de ses politiques pro-israéliennes, ont accueilli la nouvelle avec un soutien discret. Nous parlons précisément du Koweït, Oman, la Jordanie, et bien sûr Israël. En Afrique, l’indifférence a prédominé — du moins en opposition à l’élection de Barack Obama — reflétant une perception de continuité plutôt que de changement radical dans les relations bilatérales. Cette lueur d’indifférence peut être attribuée à une certaine résignation face à l’influence limitée des politiques américaines sur les dynamiques internes africaines. Bref, les réactions internationales à la réélection de Trump illustrent la diversité des perspectives et des intérêts géopolitiques à travers le monde.
Si certains gouvernements et leaders africains ont exprimé un soutien indiscret ou dissimulé à la réélection du 47e président américain, c’est parce que la continuité des politiques de Donald Trump pourrait être favorable à leurs intérêts économiques ou sécuritaires. C’est le cas du Nigéria, du Togo, l’Éthiopie et la Guinée. À l’inverse, lorsqu’on se réfère à la campagne électorale de Donald Trump et à son programme, ce Président insiste sur le durcissement des politiques migratoires restrictives et adopte des positions controversées de Trump sur des questions telles que le changement climatique dont l’Afrique est la première victime. Selon le programme politique générale de Trump, ce dernier n’évoque presqu’aucun point en faveur de l’Afrique, c’est l’« Amérique d’abord ». Alors que peut-on percevoir dans son programme ? Pour ce qui est de l’économie, Trump a promis de continuer à réduire les impôts et à éliminer les réglementations pour stimuler la croissance économique. Il a également mis l’accent sur la création d’emplois et le soutien aux petites entreprises. Sur la politique étrangère, il a mis l’accent sur une politique étrangère « America First », visant à protéger les intérêts américains à l’étranger et à réduire l’implication des États-Unis dans les conflits internationaux. Conscient de ce qui vient d’être-dit, s’interroger sur les enjeux africains de la réélection de Trump apparait donc comme une vaine préoccupation. Mais pourquoi le dire ?
L’urgence de la reconstruction d’une identité des Afriques sous le prisme de la vision trumpiste de l’Amérique.
D’entrée de jeu, par identité des Afriques, nous faisons allusion à la pluralité qui ne se dissimule plus par les replis identitaires dans l’Afrique actuelle. Alors, les Afriques, parce que désunies ; une désunion enracinée dans l’histoire coloniale, les structures socio-culturelles et les dynamiques politiques contemporaines.
Par nombrilisme, il s’agit du point de vue psychologico-philosophique, d’un concept qui désigne l’attitude ou la tendance à se concentrer excessivement sur soi-même, ses propres pensées, sentiments et besoins, au détriment de l’intérêt pour les autres et pour le monde extérieur. Dans la perspective trumpienne, on le perçoit clairement par des slogans et des projets qui font des États-Unis d’Amérique une priorité, un « d’abord », et même le centre de l’univers ou du monde au mépris de l’altérité en qui l’existence n’a de sens que par le profit qu’il génère. En conceptualisant sa politique de « America-First », ce chef d’État met l’accent sur la priorité, le privilège et l’impératif des intérêts américains dans les relations internationales. Cela se traduit par des politiques protectionnistes, comme l’augmentation des tarifs douaniers pour réduire le déficit commercial des États-Unis. Trump prône également une réduction de l’implication des États-Unis dans les conflits internationaux et une réévaluation des alliances et des accords internationaux pour s’assurer qu’ils bénéficient principalement aux États-Unis.
De cette image du nombrilisme trumpien, les africains doivent s’inspirer pour refonder les bases d’une identité sérieuse. Dans ce sillage « America-First », va devenir « Africa-First », pas très éloigné du « Try Africa first » (Loumou Mondoléba, 2021). En effet, l’idée de « Africa-First » pourrait s’inspirer de certains aspects de la politique « America First » de Trump, mais elle devrait être adaptée aux réalités et aux besoins spécifiques du continent africain pour la refondation de son identité. Dans ce contexte, elle devra se baser sur la « priorité aux Intérêts Africains ». Comme « America First » met l’accent sur les intérêts américains, « Africa First » pourrait se concentrer sur les intérêts africains dans les affaires économiques, politiques et sociales. Cela pourrait inclure la promotion des industries locales, la protection des ressources naturelles et la défense des droits des citoyens africains.
En outre, « Africa-First » est l’impératif catégorique de la refondation de l’Unité africaine. Ici, pour surmonter les divisions identitaires, « Africa-First » encourage une plus grande coopération entre les pays africains à l’antipode des divisions dont la croissance est palpable. Ceci passe par les initiatives régionales et continentales visant à renforcer l’intégration économique et politique, mais aussi l’Unité immédiate des Afriques. « Africa-First », à l’image d’« America-First » est également un gage de souveraineté et d’indépendance des nations africaines, en réduisant la dépendance vis-à-vis des puissances étrangères tout en favorisant des politiques économiques et sociales autonomes. Enfin, « Africa-First » est la voie royale de l’intégration des objectifs de développement durable, en mettant l’accent sur la protection de l’environnement, la lutte contre le changement climatique et la promotion d’une croissance économique inclusive et équitable.
Reconquérir les richesses africaines à l’heure de la réélection de Donald Trump
Qu’est-ce qu’être africain à l’heure de la réélection de Donald Trump ? Cette interrogation survient au moment où il s’agit de naviguer dans un contexte mondial dans lequel les politiques américaines doivent être des images significatives d’inspiration pour la fondation de l’unité des Afriques. Si la réélection de Trump pourrait signifier une réduction de l’engagement des États-Unis en Afrique, tant sur le plan économique que militaire, ceci est une occasion pour les pays africains, de renforcer leur autonomie et de redéfinir le sens de leurs partenariats internationaux. En même temps, il s’agit d’une opportunité pour les Africains de redéfinir leur identité et de promouvoir la politique du « Africa-First », en mettant l’accent sur la souveraineté, le développement durable et la coopération régionale. Pour cela, être Africain dans ce contexte, c’est pouvoir chercher à tirer profit des défis et des opportunités conformes à la construction d’un avenir plus autonome et prospère pour les Afriques dont l’urgence est de s’unir.
L’importance et la priorité des débats sur la reconstruction identitaire
La reconstruction identitaire est la condition du développement et de l’autonomie des Afriques, car elle constitue la base sur laquelle se bâtissent la confiance et la résilience des sociétés. Une identité forte et partagée permet de renforcer la cohésion sociale, essentielle pour la stabilité politique et économique. En valorisant les cultures et civilisations, les traditions et les langues locales, les pays africains peuvent créer un sentiment de fierté et d’appartenance chez leurs citoyens, ce qui est indispensable pour encourager la participation civique et l’engagement communautaire. De plus, une identité clairement définie peut servir de levier pour promouvoir des politiques de développement endogènes, moins dépendantes des modèles imposés de l’extérieur et souvent inadaptés. Cela favorise une approche de développement plus respectueuse des réalités locales et des besoins spécifiques des populations. Dans cette perspective, l’affirmation d’une identité africaine autonome permet de mieux résister aux pressions et influences externes, qu’elles soient économiques, politiques ou culturelles, et d’affirmer une position de négociation plus solide sur la scène internationale. En conséquence, la reconstruction identitaire n’est pas seulement une question de culture, mais un impératif stratégique pour le progrès et l’autodétermination des nations africaines.
Les leçons à tirer
L’avènement d’un nouveau président dans un pays, est toujours une occasion d’espoir tant au niveau national qu’international. Au niveau national, c’est souvent l’occasion pour les citoyens de ce pays, d’espérer au changement surtout lorsque le régime sortant a brillé par beaucoup d’indélicatesse. Au niveau international, c’est souvent une source de fierté pour les partenaires internationaux qui voient toujours au nouveau venu, un partenaire et un allié avec qui ils pourraient parfaitement évoluer sur des dossiers aussi importants. Mais au-delà de tout, ce qu’il faut retenir c’est que, les rapports géopolitiques et interétatiques restent essentiellement un jeu de rapport de forces. Dans cette logique, il serait incongru de penser que l’avènement d’un nouveau dirigeant dans un pays, fusse-t-il le pays le plus puissant du monde, apportera des améliorations des conditions de vie des populations dans les autres États. Par ailleurs, le sujet de la réélection de Donald Trump n’a d’intérêt que pour les États-Unis d’Amérique, pour les pays qui ont avec eux, des relations d’égal à égal et pour ceux qui bénéficient des faveurs d’un État dont la personnalité du nouveau chef interroge. Dans ce sillage, comme « America-First », « Africa-First » est la condition pour que le continent africain se libère complètement des stigmates historiques et de l’influence extérieure. Il est crucial de promouvoir une éducation inclusive et décolonisée, qui valorise les savoirs locaux et les civilisations africaines. En reconnaissant et en intégrant ces richesses culturelles dans les systèmes éducatifs et les politiques publiques, les Afriques peuvent forger une identité collective forte, résiliente et axée sur la redéfinition de ce qu’est « être africain aujourd’hui ». De plus, la promotion d’une gouvernance transparente et participative à l’exemple des États-Unis d’Amérique, qui inclut toutes les voix de la société, est un impératif pour renforcer la confiance en soi, le sentiment d’appartenance commun, la fierté d’être Africain et le désir de participer à la construction de l’Afrique unie… Une Afrique qui s’appuie sur ses atouts internes et qui valorise sa diversité pour répondre efficacement aux défis contemporains, tout en se positionnant comme acteur majeur sur la scène internationale.
Bibliographie
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[1] Alain-Patrick LOUMOU, Ph. D, Science Politique, Université de Douala, Observatoire du Politique en Afrique.
[2] Armel Simon SANGO, en Science Politique, Université de Douala.
[3] Edmond Joel BÉMÉLINGUÉ AMANA, Ph. D en philosophie, Université de Yaoundé 1
[4] Brice Laurent TSIDZE, doctorant en Science Politique, Université de Yaoundé II
